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     7h15, le réveil sonna et Cléophée se réveilla. Vidocq était toujours collé contre elle. Elle se leva avec un énorme mal de ventre, elle descendit dans la cuisine et prit son petit déjeuner. Elle commença à lire ce qui était écrit sur le dos de son paquet de céréales Nesquik. Une fois son bol de céréales finit, elle alla se préparer. Aujourd’hui elle opta pour son jean noir, un tee shirt gris et un foulard noir sur son crâne. Elle fit un bisou à ses parents et partit sur le chemin de l’école. Dans les rues les gens la regardait bizarrement, elle n’y faisait pas attention. Elle mit ses écouteurs et regarda par terre. Elle avait du mal à marcher, elle avait énormément mal au ventre mais elle se refusait de demander à son père de l’emmener au collège. « Mes parents font déjà assez de sacrifice pour moi » se disait-elle tous les matins. Elle arriva devant le grand portail noir de son collège. A côté d’elle deux collégiennes pouffa de rire en la voyant :

     - Ben alors Cléophée on a perdu ses cheveux ? pouffa la première.

    - Nan mais tu as vu ? Comment elle est mooooooche comme ça, tu penses que c’est contagieux ce qu’elle a ? dit la seconde à son amie.

     

    Cléophée a préféré ne pas répondre. « Bande de débiles » se disait-elle. Elle traversa la cours de récréation sous les regards moqueurs des autres collégiens, mais elle se forçait à ne pas écouter leurs remarques immatures. Elle entra dans le couloir du troisième étage. Cléophée n’aimait pas ce couloir vert avec des néons qui éclairait que des petites parcelles de couloirs. Le sol était revêtu d’un carrelage blanc, « comme celui de l’hôpital » pensa Cléophée à chaque fois qu’elle passait dans ce couloir. Elle marcha pour aller jusqu’à sa salle de français, salle 316.  Elle percuta Pénélope, la fille qui a la meilleure réputation au collège, elle était grande et super belle. Elle avait tous les garçons à ses pieds :

     - Bah alors Cléophée ? Ils sont où tes cheveux ? Bah voyons Cléophée tu ne veux pas nous montrer ton crâne ? Cléophée sa sert à rien que tu viennes tu n’es pas aimée ici.

     

    Puis elle ajouta à l’intention des autres élèves :

     - Hé faut pas s’approcher de Cléophée, c’est contagieux ce qu’elle a.

    - Va voir ailleurs si j’y suis Pénélope, grogna Cléophée.

     

    Cléophée n’avait pas la force d’aller à son cours, elle partit en courant dans un coin isolé de la cours.  Elle remit ses écouteurs et mit le son à fond. Soudain, quelqu’un lui tapa sur l’épaule :

     - Bah tu ne vas pas en cours ? lui lança l’inconnu d’un air interrogateur.

    - Qu’est-ce que tu me veux toi ? Tu vas te moquer de moi ?

    - Pourquoi je ferai ça ? Je viens juste te poser une question. Au faite je me présente, je m’appelle Yann, je suis en 5°3.

    - Enchantée moi c’est Cléophée.

    - Je sais, je te laisse bye. Répondit Yann et il partit en faisant un clin d’œil.

     

    Elle le regarda partir en souriant. Yann était de taille moyenne, les cheveux bruns courts et les yeux couleurs noirs. Enfin quelqu’un qui ne se moque pas d’elle de la journée cela lui fit un grand bien. « Comme quoi, il reste un peu d’humanité dans ce monde » pensa Cléophée. Elle se releva et rentra chez elle, elle en avait assez de cette ambiance au collège. Elle arriva chez elle, jeta son sac par terre et alla dans sa chambre. Vidocq est venue la rejoindre, elle le caressa et s’endormit avec son chien contre elle. Quelques heures plus tard, son père la réveilla :

     - Ma puce, dit-il d’une voix tendre, viens dans le salon, nous avons quelque chose de très important à te dire.

     

    Cléophée suivit son père et pris place sur le canapé. Sa mère pris place à côté d’elle et son père rompit le silence pesant en premier :

     - Le collège a appelé, nous savons que tu n’es pas allé en cours aujourd’hui tu étais où ?

    - Dans la cours, répondit Cléophée, je ne veux pas retourner dans ce collège.

    - Justement, avec ta mère nous allions t’en parler. Les médecins ont appelé aujourd’hui, le traitement va être plus lourd. Il faut que tu retournes à l’hôpital.

    - Mais je reviendrais le week end hein ?

    - Non ma puce, pas au début, il va falloir que tu restes là-bas tout le temps.

    - Vous allez venir me voir ?

    - Oui on fera de notre mieux.

    - Je retourne à l’hôpital quand ?

    - Demain matin.

     

    Cléophée partit dans sa chambre, et s’effondra sur son lit. Elle commença à pleurer « Pourquoi moi ? J’ai fait quoi ? Personne ne mérite cela. Mes parents sont malheureux par ma faute. J’ai dû faire quelque chose de mal pour avoir sa. Mais bon, je ne retourne plus au collège, je n’aurai plus de moqueries c’est déjà ça ». Elle prépara ses affaires et alla se coucher sans se douter qu’elle ne verrait plus cette chambre là pendant un long moment.

     


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    Le lendemain matin, Cléophée retourna à l’hôpital. A l’entrée elle vit Anita qui l’accompagna jusqu’à sa chambre, elle lui a dit :

     - Tu sais, si tu as besoin de quelque chose ou même de parler je suis là.

    - Je sais Anita, merci.

     

    La conversation était déjà finie. Anita lui donna son traitement, et Cléophée alla se coucher. Les médicaments lui faisait atrocement mal au ventre, elle avait l’impression que sa tête allait exploser tellement que son front était brûlant. Elle ne se plaignait pas elle savait que c’était normal. Elle mit ses écouteurs et écouta sa playlist et s’endormit en écoutant le Mistral Gagnant de Renaud. Quelqu’un la secoua pour la réveiller. Elle ouvrit le yeux et aperçu une silhouette vers elle. C’était le brancardier, il lui lança « aller il faut se réveiller la belle au bois dormant, il faut que tu ailles voir le docteur ». Elle essaya de se lever mais n’y parvient pas. Le brancardier, qui se nommait David, la mise dans un fauteuil roulant pour l’emmener en salle d’attente. Le trajet fut très long pour Cléophée, elle se refusait de parler à David. Elle l’observa plus attentivement, il était bronzé, blond aux yeux clairs et petit. Une fois arrivés, David lui sourit et partit. Pour sa part, Cléophée attendait qu’on l’appelle pour voir le docteur. L’attente fut très longue pour elle, en plus elle détestait la décoration. Les murs étaient jaune canari avec un sol blanc très bien lavé, elle pouvait voir son reflet dans le sol. La porte s’ouvra, le médecin l’appela et elle rentra dans son bureau en essayant de rien casser avec son fauteuil.

     - Alors, commença le médecin, tu vas bien ?

    - Si je suis là ça veut dire que non, répondit Cléophée avec un ton cynique.

    - Je voulais te parler de quelque chose, tu ne vas pas rentrer chez toi avant 3 mois minimum.

    - Pourquoi ?

    - Comment te dire, ton cancer ne guérit pas au contraire.

     

    Cléophée ne répondit pas, le médecin reprit :

     - Tu comprends ce que cela veut dire ?

    - Oui.

    - Je suis désolée pour toi.

    - Je m’en tape.

     

    Elle sortit du bureau pour retourner dans sa chambre. Elle s’arrêta à un endroit de l’hôpital plutôt désert et se remémora le jour où les médecins lui ont dit qu’elle avait le cancer. Elle s’en rappellerait toute sa vie de ce jour-là. Cela faisait quelques temps qu’elle ne se sentait vraiment pas bien, elle avait passé examens sur examens sans arrêt, puis il y a 1 ans le verdict est tombé, Cléophée avait le cancer. Elle se souvenait de la réaction de ses parents, sa mère a fondu en larme dans les bras de son père, son père se retenait de pleurer et elle elle ne comprenait pas ce qu’il se passait. Depuis l’enfer avait commencé, elle allait tous les week end à l’hôpital, son état de santé ne s’arrangeait pas. Ses parents pleuraient le soir dans leurs chambres, son papa a fait une dépression, sa mère avait perdue toute joie de vivre et c’était enfermé dans un mur de silence pendant des mois. Cléophée se rappela de ce souvenir pendant un moment et décida de retourner dans sa chambre. Sur le chemin, elle commença à faire des zig zag avec son fauteuil et cela la faisait rire aux éclats. Elle rencontra David qui la raccompagna jusqu’à son lit, il la coucha, lui fit un grand sourire et partit. Cléophée regarda l’heure, il était 18h, elle mit ses écouteurs et s’assoupit jusqu’au lendemain.

     


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    Je suis là devant cette belle plage qui me rappelle tant de souvenirs. Un verre de vodka à la main j’attends patiemment mon heure, avec son alcool préféré entre mes doigts je compte les secondes qui vont me séparer de lui pour l’éternité. Je me suis vêtue des mêmes vêtements qui quelques temps auparavant avaient été témoins de mon enchantement. Un jean qu’avant je n’aimais pas, un tee shirt qui m’était tombé sous la main ce jour là, mais qui depuis ce moment étaient devenus mes habits préférés. Je m’en souviens, cela avait débuté un peu avant les vacances de l’été. Je l’avais croisé dans la rue en rentrant chez moi. Tous les jours il y avait un regard entre lui et moi mais rien de plus, je n’avais pas le courage d’aller l’aborder. J’avais besoin de ce petit contact visuel avec lui, même s’il durait deux secondes, cela me faisait plaisir de le voir en train de me lancer un regard à la dérobée. Un jour il est venu me parler et au fil du temps nous nous sommes rapprochés. En sa présence, je ne me posais pas de question, j’étais tellement bien, je me sentais heureuse. Nous nous voyions régulièrement : deux à trois fois par semaine il me ramenait chez moi. Un petit temps au cours duquel nous rigolions, où nous retrouvions une complicité d’enfant de cinq ans. Nous nous conseillions et soutenions mutuellement. Au fil des semaines je me suis rendue compte que je commençais à l’aimer, j’étais en train de tomber amoureuse de lui. Nous nous étions échangés nos numéros et nous nous parlions un petit peu tous les soirs. Je m’étais aperçu que s’il ne me disait pas « bonne nuit », je ne trouvais pas le sommeil, que j’angoissais quand il ne me répondait pas. Quand je recevais un message de sa part un grand sourire s’affichait sur mon visage. J’avais retrouvé ma bonne humeur, j’avais hâte de le voir chaque jour. J’avais bonne mine et tout le monde me le faisait remarquer, j’avais sans cesse le sourire et je faisais tout pour corriger mes défauts. Une semaine après le commencement des grandes vacances, nous avons décidé de se retrouver et de passer un après midi ensemble. C’était un jeudi, nous nous étions donnés rendez vous sur la plage. J’étais à côté de lui et nous marchions pieds nus dans le sable. Nous nous étions assis sur le sol, et nous regardions les vagues de la mer se briser sur les rochers qui se trouvaient à notre gauche. Nous étions l’un à côté de l’autre seul au monde, nous n’avions pas de contact physique par pudeur peut être comme si il y avait une barrière invisible entre lui et moi. Un mur que je n’osais pas franchir par peur de le gêner. Au début, je le regardais timidement, je n’osais plonger mon regard dans ses grands yeux noirs. Il avait un regard tellement doux et bienveillant que j’avais peur de perdre pied en le regardant trop. J’avais l’impression qu’il pouvait lire à travers moi comme dans un livre ouvert, ce qui est une sensation assez étrange mais tellement agréable. Pour la première fois de ma vie je me sentais comprise. A ses côtés tout me paraissait beau et simple, j’étais ivre de bonheur. Je buvais ses paroles sans qu’il ne s’en rende compte. Je n’étais plus moi-même, j’avais laissé de côté mes petits soucis et je savourais chaque seconde que je passais avec lui. Je ne pensais plus à rien, à personne, je le regardais et l’écoutais parler comme si nous étions les deux seuls personnes sur la Terre. Pour immortaliser ce magnifique après midi nous avions pris une photo de lui et moi, et dessus j’ai le sourire d’une jeune femme heureuse. J’avais l’impression que tout était à sa place dans le meilleur des mondes, le paysage me semblait paradisiaque, à ses côtés je trouvais que chaque détail était sublime. Le temps est passé tellement vite à travers ses regards, son rire, son sourire et nos rigolades. J’étais dans le bonheur à l’état brut. Le soir est venu à grand pas, malheureusement nous ne pouvons pas arrêter le temps, il m’a ramenée à la gare et nous nous étions dit au revoir. Un au revoir simple comme si nous allions nous retrouver le lendemain. Je l’ai regardé partir et je suis tombée de mon nuage. La chute a été courte mais très douloureuse. La réalité est revenue d’un seul coup et ne m’a pas fait de cadeau. J’ai très vite remarqué que j’étais une droguée, j’avais besoin de le voir pour me sentir bien. Il était mon rail de coke quand il n’était pas à mes côtés j’étais en manque. Je suis rentrée chez moi, je me suis jetée sur mon lit et j’ai essayé de retourner sur la plage, dans ce petit coin de paradis mais ce n’était pas possible malheureusement. J’avais passé une nuit blanche, j’admirais cette photo prise pendant cet instant magique, je l’ai regardé ce cliché encore et encore, je m’en suis explosé les yeux à force de le contempler. Cette photo je la connaissais par cœur, je me souvenais de chaque détail. La vie est venue me rappeler que son cœur était déjà promis pour une autre demoiselle. Cela faisait déjà quelques mois qu’il partageait son bonheur avec elle. Quand ce garçon me parlait d’elle, il y avait une étincelle dans son regard. Une flamme que juste un jeune amant fou amoureux a dans les yeux pendant la passion des premiers mois. Il prononçait son prénom et une fougue s’emparait de son âme, il n’était plus lui-même, il était heureux. Il voyait que cela me faisait souffrir quand il me parlait d’elle donc au fil du temps c’était devenu un sujet tabou entre lui et moi. Ce dernier savait que s’il avait besoin de se confier j’étais là pour l’écouter mais il voyait que cela m’attristait quand il me faisait des éloges sur sa bien aimée. Ce jeune homme était heureux avec sa belle. Je pense que c’est cela qui fait le plus mal, espérer pour rien, mais j’avais déjà son amitié ce qui était déjà beaucoup. Je profitais de chaque moment passé avec lui, car en sa présence j’étais radieuse et nous avions les mêmes sujets de plaisanteries. J’avais les larmes aux yeux tous les jours en pensant que lui avait repris son quotidien sans accorder une pensée à mon égard.

     

     Le lendemain je suis retournée à la plage, au même endroit. Certains penseront que c’est par désespoir, moi je dirais que c’était plutôt de la nostalgie. Mon présent n’était pas à la hauteur de mon passé. Ce moment de bien être intense je voulais le revivre, pas quelques heures comme la veille, mais tout le temps. Tous les jours, chaque matin, chaque soir, je voulais être ivre de bonheur à ses côtés. Mais je ne pouvais pas échapper à la réalité, ce que j’étais en train de faire était de l’auto torture, un cercle vicieux dans lequel je me plaisais. Tous les jours je retournais à cette rive. À force de rester allongée au même endroit de la première lueur de l’aube à la tombée de la nuit, le sable avait épousé les courbes de mon corps et de mes souvenirs. Je venais me réfugier dans ce lieu à chaque fois que nous nous disputions ou quand il devenait trop distant. Mais à chaque fois mon retour à la réalité me faisait de plus en plus souffrir. Le goût amer de mes larmes revenait et je broyais du noir. J’avais l’impression qu’on m’avait arraché le cœur, je ne ressentais plus aucune émotion, je n’arrivais plus à aimer ma famille et mes amis. Les seules heures que j’arrivais à voler à Morphée me ramenaient à un endroit où j’étais à ses côtés, mais le réveil était douloureux car ce n’était que des rêves. Je ressassais les souvenirs et lui était de plus en plus lointain, à mon plus grand désespoir. J’avais de plus en plus peur de le perdre, mais je me faisais une raison. Je me disais que s’il faisait ça c’était pour que j’arrête de l’aimer. Du moins, je me disais cela car je ne voulais pas gêner son train train habituel, donc pour ma part je ne cherchais pas de sujet de conversation quand il me parlait. Je ne répondais plus directement comme avant, je mettais du temps à lui envoyer un message et je lui parlais froidement. Peu m’importait s’il me répondait. Cela me faisait du mal mais je pensais que c’était mieux comme ça, pour lui comme pour moi. Il m’avait promis de me protéger et de ne pas me laisser, je savais que c’était quelqu’un de parole mais je m’inquiétais. Je le détestais et lui en voulais car il n’y avait que lui qui faisait afficher un sourire sincère sur mon visage. J’avais vraiment peur qu’il m’oublie et nous ne nous parlions presque plus mais nous étions tous les deux fautifs. Je ne pouvais pas en avoir contre lui longtemps car j’avais amplement conscience que pour lui ce n’était vraiment pas facile et que je ne facilitais pas les choses.

     

    Un matin après une énième nuit blanche à me remémorer nos souvenirs, j’ai décidée de ne plus mettre d’ombre dans son quotidien. Je voulais qu’il reprenne le court de sa vie et qu’il soit heureux, c’est tout ce que je lui souhaitais. Il n’aimait pas quand j’allais mal donc je lui mentais en disant que tout allait bien pour ne pas qu’il s’inquiète pour moi. Je ne voulais pas qu’il sache que c’était pour lui que j’étais dans cet état de dépression. Il devenait de plus en plus distant et moi de mon côté j’étais lasse d’attendre et de souffrir. Il me rassurait comme il pouvait, mais je ne voulais plus être un poids pour lui. Je faisais une descente aux enfers, sans lui à mes côtés ma vie n’avait plus qu’un goût amer et fade, plus rien ne m’amusait. Je ne souriais plus, ne parlais plus et ne dormais plus. Je me levais sans avoir de but à part de retourner à la plage. Plus les jours passaient plus la faucheuse m’invitait à danser une valse macabre avec elle. J’entamais ce jeu de séduction avec la mort au plus grand désespoir de ma famille, mais mon bien aimé n’en avait pas conscience. Mon teint était de plus en plus pâle, mes yeux étaient de plus en plus cernés de violet, mes lèvres étaient bleues, ma peau devenait de plus en plus glacée. Mes mains qu’il aimait réchauffer en les mettant dans les siennes étaient aussi chaude que la glace du pôle nord. J’étais de plus en plus maigre car je n’avais plus le goût des aliments. Je plaisais à la faucheuse qui m’enlaçait et ensuite me laissait avec le même refrain en tête le prénom de la personne qui était la source de mon plus grand bonheur mais aussi celle de ma plus grande désolation. Ce garçon m’avait fait promettre de prendre soin de moi et de ma « petite santé fragile » comme il disait, mais cette promesse je ne pouvais pas la tenir. Au fil des jours j’avais remarqué que ma meilleure amie était cette lame de rasoir qui au contact de ma peau me faisait savoir que j’étais encore en vie. Je voyais le sang couler et je me sentais vivante, je ne pensais plus à lui pendant quelques secondes. Pendant que je m’auto mutilais je n’avais plus de souffrance mentale mais qu’une simple douleur physique qui n’était rien à côté de ce que j’endurais intérieurement. Mes bras n’avaient pas le temps de cicatriser car le lendemain je me refaisais les mêmes marques aux mêmes endroits. J’avais pris trop de goût à mon jeu avec ce qui fait le plus peur aux êtres humains, la mort. Je m’étais attachée à elle mais je ne pouvais pas laisser le garçon que j’aimais. J’essayais de me battre pour aimer la vie, mais sans lui, le combat ne méritait pas d’avoir lieu. J’avais besoin de le voir, de lui parler, de connaître à nouveau cette sensation d’ivresse de bonheur, mais je n’avais pas eu le courage de l’appeler et de le lui dire. Puis à quoi bon le revoir pour souffrir encore plus ensuite ? Cet amour me détruisait psychologiquement et physiquement j’étais repoussante, je ressemblais à un mort vivant. Je ne voyais plus personne, je ne voulais plus vivre. Je contemplais le spectacle de son bonheur avec son âme sœur. Je me montrais de plus en plus froide car je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi, j’avais dans l’idée de ne plus faire une tâche d’ombre dans sa vie. Je lui avais fait comprendre qu’il ne devait plus s’en faire pour moi. Je voulais me détruire et partir de sa vie en toute tranquillité. Je ne désirais pas qu’il ressente de la tristesse ou de la compassion à mon égard je souhaitais qu’il soit heureux tout simplement. Je le regardais s’avancer dans la vie en me laissant sans protection dans ce malheureux présent.

     

    Quelques jours plus tard je suis retournée à la plage en savant pertinemment que je ne rentrerais pas le soir. J’avais pris ma décision, il ne m’avait pas donné de nouvelles et m’avait sans doute déjà oubliée. Je lui ai envoyé un message en lui souhaitant tout le bonheur du monde, et j’ai regardé la photo encore et encore. En ce moment, je suis avec mon verre de vodka et je pleure en me rappelant cette histoire. En une seconde tout peut basculer, je suis passée du bonheur à l’état pur….à un verre de vodka en train d’attendre mon heure. Je m’étais toujours promis de faire ma vie, avoir un mari, des enfants, avoir une bonne situation et mourir dans mon sommeil pour ne pas souffrir. Le bilan de ma vie ? J’ai 17 ans, des bras qui ressemblent à une jupe hawaïenne tellement ma peau est coupée. Je suis intérieurement détruite et extérieurement on a l’impression que j’ai vécu des siècles et des siècles, que j’ai fait toutes les guerres, que j’ai enduré toutes les souffrances et épreuve de la vie. Je vais mourir par amour, quelle belle mort non ? Je vais mourir dans le même endroit où quelques temps auparavant j’étais ivre de bonheur. Je contemple la mer et regarde les vagues se briser sur les rochers qui se trouvent à ma gauche. Ces rochers ne sont plus aussi beaux que la première fois. Leurs parois ne sont plus lisses mais plutôt rugueuses, leurs formes n’épousent plus aussi bien ce paysage que je trouvais parfait avant, au contraire ces rochers sont de trop. Ce paysage que je trouvais paradisiaque à ses côtés à présent je le trouve macabre, infertile, pluvieux, sans une once de bonheur à l’état brut. Le temps a fait disparaître nos éclats de rire comme s’ils n’avaient jamais existé. Je repense à son regard, son sourire et sa voix. Je repense à lui tout simplement. Je le revois marcher pieds nus dans le sable avec son tee shirt rayé et son pantalon bleu. Je m’allonge sur le sable et j’attends que la nostalgie vienne m’ensevelir dans cet endroit qui avait fait mon ravissement. Ce n’est pas une fin tragique comme dans Roméo et Juliette, non je meurs ici alors que mon Roméo va continuer sa vie, sans s’apercevoir que je suis partie vers les étoiles pour mieux le protéger.

     


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    En se réveillant le lendemain, elle vit une silhouette au fond de sa chambre, elle se frotta les yeux et vit Yann. Il la regarda un long moment :

     - Tu n’es pas venue au collège hier, dit-il.

    - Non, je suis retenue prisonnière ici.

    - Tu sors quand ?

    - J’en sais rien dans quelques mois peut être.  Pourquoi tu es venu ?

    - Je voulais juste te voir.

    - Ok. Comment tu as su que j’étais là ?

    - J’ai demandé à la principale.

    - Ok.

     

    Ils se regardèrent un long moment :

     - Tiens, reprit-il, je t’ai amené un carambar au caramel.

    - Mes préférés, dit-elle en souriant.

    -Tant mieux. Bon je dois te laisser à plus tard.

    - A plus tard.

     

    Puis il partit. Elle repensa à cette visite en faisant un grand sourire et se demanda quand est ce qu’il allait revenir. Elle ouvrit le carambar et à l’intérieur  il y avait un petit mot « Je te souhaite une bonne dégustation, je reviens dès que je peux. Yann. ». Elle regarda par la fenêtre en rêvassant comme elle faisait à son habitude. A chaque fois, elle rêvait d’aller à Disneyland, l’endroit où il y a de la magie partout où tu regardes. Quelques minutes plus tard, Anita arriva dans la chambre et tendit un paquet à Cléophée « c’est de la part de tes parents princesse » informa-t-elle avant de partir. Cléophée se précipita à ouvrir le paquet et vit une carte Sim avec à l’intérieur le numéro de ses parents et un petit mot « comme ça tu pourras nous écrire et nous appeler ma puce. On t’aime. Maman et Papa. », elle était aux anges. Elle mit la carte sim dans son portable et opta pour un envoyer un SMS à ses parents, elle n’avait pas envie qu’ils entendent sa voix fatiguée. Alors elle envoya « Coucou les parents je viens de recevoir votre cadeau, merci beaucoup. Je vous aime. ». La suite de la journée se passa sans encombre, elle écouta sa musique en pensant à tout et à rien. Elle pensa à son avenir, elle se voyait déjà à Broadway en train de chanter du Indochine. Elle se voyait acclamée par le public et signée des centaines d’autographes. A 17h, Anita est venue lui donner son traitement quotidien. Cléophée s’habituait aux goûts des cachets, et elle s’habituait aussi aux effets secondaires des cachets. Une demi-heure après avoir pris son traitement, elle se tordait de douleur dans son lit, quand ses douleurs venaient Cléophée voulait juste en finir. Elle en avait marre de cette douleur incessante, mais elle en avait pris l’habitude. C’est quand elle avait pas mal qu’elle trouvait cela bizarre.  Cette douleur l’épuisait tellement qu’elle avait l’impression que de dormir pendant toute la journée. Quelques minutes plus tard quelqu’un entra dans la chambre sans frapper à la porte, c’était Yann.

     - On ne ta jamais appris la politesse jeune homme, dit Cléophée en rigolant.

    - Si tu n’es pas contente je peux repartir.

    - Bah vas-y.

    - Bon d’accord je reste juste pour te faire voir que je ne suis pas un toutou qui suit des ordres, grogna Yann

     

    Il observa Cléophée et son lit, puis prit place à ses côtés. Cléophée le regarda choquée et lui dit :

     - Non mais je rêve, sors de mon lit.

    - Je suis bien dedans, si tu n’es pas contente tu n’as qu’à partir comme ça j’aurai le lit pour moi tout seul.

    - Alors là tu peux rêver.

     

    Cléophée bourra un peu Yann pour l’embêter puis il fit mine de bouder. Pendant une heure ils ont parlés de tout et de rien mais surtout pas du cancer de Cléophée. Une fois l’heure passé Yann prit le numéro de Cléophée et partit. Juste après son départ, Cléophée souria cela lui avait fait vraiment du bien de le voir. Anita lui apporta à manger, en voyant Cléophée toute souriante elle lui dit « cela fait du bien de te voir comme ça ». Cléophée lui fit un bisou et mangea ce qu’Anita lui avait apporté. C’était du cassoulet, elle avait horreur de sa mais elle ne fit pas attention au goût de ses aliments ce soir-là, elle était trop occupée à se remémorer sa fin d’après-midi avec Yann. A 21h, Cléophée reçu un message de Yann « Jeune demoiselle, je vous souhaite une douce nuit, je reviens bientôt. Promis. Yann », elle eut un grand sourire. Pour la première fois de sa vie, Cléophée s’endormi en ne pensant pas à son cancer.

     


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  • C'est l'histoire d'une fille,

    Qui était issue d'une très grande famille.

    La vie lui avait fait beaucoup de coup bas

    Et de ce quotidien elle en était las.

    Alors tout les soirs la peau elle se coupa,

    Elle ne se sentait libre que quand le sang coula.

    Elle voulait que sa tristesse parte avec tout ce sang,

    Mais rien n'y fais, alors elle se coupa plus profondément.

    Toute la journée sa famille lui disait "tu es inhumaine"

    Et cette fille ne disait rien de sa haine.

    La mutilation était devenue sa passion.

    Mais elle a découvert qu'il y avait une autre façon

    De parler de ce qui l'a torture.

    Eh oui ! Cette passion c'était l'écriture !

    Elle s'enfermait pendant des heures,

    Pour mettre sur papier sa rancœur.

    Elle a perdue ses seuls amis,

    Effectivement l'écriture dictait sa vie.

    C'était devenu addictif !

    C'était devenu maladif !

    Alors elle décida d'arrêter d'écrire,

    De regarder sa plume pourrir.

    Elle se laissa périr,

    Seule au milieu de tout ses rires.


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